Tokyo Decadence avec les loups

Quelques fois il y a des films qui vous font une forte impression avant même que vous ne les ayez vus. Je me rappelle très bien de l'article de Première qui parlait de Tokyo Decadence lors de sa sortie au cinéma en France, vers 1998~99 (soit environ environ 7 ans après sa sortie sur le territoire nippon, en 1991 ou 1992 selon les sources). Je me souviens très bien que le magazine avait détesté le métrage, l'affublant d'une étoile blanche (la pire note), et je me suis toujours demandé s'il méritait une telle note.

Aussi, quand je suis tombée dessus il y a environ 3 ans dans un cash convertor, je n'ai pas hésité un seul instant à le prendre, et ce d'autant plus qu'il n'était qu'à un misérable euro (ce qui, il faut bien l'admettre n'augure rien de spécialement bon mais je dois dire que j'ai fait de sacrément bonnes découvertes à des prix comparables). Finalement, c'est seulement ce soir que j'ai fini par me confronter à la légende : et finalement, qu'est-ce que ça valait tout ça ?

 

L'histoire commence sans traîner avec Ai, l'héroïne, attachée à un chevalet de torture tandis qu'un bellâtre en peignoir débite tout un tas d'inepties sur le fait que les japonaises sont des putes et qu'elle est le seul espoir du Japon; ça pose son ambiance d'entrée. Puis il la bâillonne, la drogue et lui enfile un godemiché.

Ah, j'oubliai d'en parler plus tôt, mais il sera grandement question de cul pendant tout le film, donc si ça vous pose des soucis n'hésitez pas à quitter cette chronique (à vrai dire, ça parle quasiment que de ça tout le long, en fait; mais après tout ça s'appelle "Tokyo DECADENCE", pas "Sapporo mon Petit Poney").

Un mot sur Ai avant d'aller plus loin : on comprend rapidement qu'elle est une call-girl. Cependant, elle se trimbale tout le film comme un morceau de viande morte, affichant une tête de six pieds de long. On se demande bien se qu'elle peut foutre dans une telle branche tant elle affiche un air penaud et perdu pendant chaque des séquences de cul du film. Je ne pense pas que l'actrice joue mal ou qu'il y ait un problème de direction d'acteur : c'est manifestement comme ça que l'actrice est sensée le jouer. On se demande bien comment un tel personnage a pu rester tant de temps dans l'Univers de la prostitution en ayant un tel manque manifeste de disposition mais tant pis c'est comme ça, on va être obligé de l'admettre et puis c'est tout.

Bref, on la voit ensuite accepter un plan d'escorte pour le soir même et en profite pour aller voir une voyante qui lui conseille de porter une pierre rose en bijou pour atteindre le bonheur absolue. Elle va donc en bijouterie et achète une bague sertie d'un topaze de la dite couleur (le titre japonais du film est d'ailleurs "Topaze").

Elle se rend finalement le soir même dans une chambre d'hôtel où l'attend un yakuza. On sait que c'est un yak parce qu'il porte des lunettes de Soleil même en intérieur et qu'il sniffe de la coke en buvant DES DIZAINES de bouteilles de bière, sérieux ça fait combien de temps que le room service est pas passé dans cette piaule ?

Il soumet Ai à divers traitements humiliants dans une séquence qui dure DES HEURES. On a droit à un peu tout : danse lascive devant une fenêtre, à quatre pattes comme une chienne avec un vibro dans la teucha, masturbation avec l'appareil contre un miroir... Finalement la femme du yakuza vient pour se faire baiser par son mari tandis que Ai les lèche. C'est globalement sordide à souhait; et monsieur ne se prive pas de faire des commentaires sexistes sur les femmes japonaises non plus.

Le calvaire s'achève mais après être partie elle se rend compte qu'elle a oublié sa précieuse bague dans la chambre d'hôtel. Elle vérifie quand même dans ses affaires dans des toilettes publiques, et quelqu'un en profite pour lui piquer sous la porte un gode qui traînait. Elle s'empresse de sortir et tombe nez-à-nez avec une douzaine de femmes en costume traditionnel qui se foutent de sa gueule dans une séquence tout simplement incompréhensible.

Le lendemain elle fait une passe dans le même hôtel, et branle un mec hilare et shooté au crack pendant qu'il se fait étrangler par une de ses collègues jusqu'à perdre conscience. Les filles pensent qu'il est mort et prennent donc leurs cliques et leurs claques mais en fait non il est pas mort lol. Elle profite d'être dans le même hôtel pour récupérer sa bague à la chambre du début.

Une fois chez elle on apprend via un interview télé qu'elle est l'amante de Subo, un célèbre musicien (on l'apprend pas PENDANT l'interview évidemment : on voit juste après l'interview des photos d'elle et de l'homme d'âge mûr à la télé).

Sur ces entrechats elle dîne au restaurant avec un client qui se la pète sur le Mouton Cadet. Je serais lui je la ramènerai pas trop parce qu'à la déco je dirais pas que ce resto à l'air si ouf. 'fin bon ensuite il l'amène dans sa turne où il projette une image du Mont Fuji sur un mur avec un lecteur de diapos en lui expliquant qu'il a des fantasmes nécrophiles et qu'il veut la baiser comme une meuf qui avait été violée sur la montagne. Elle accepte d'abord de mauvaises grâces mais fini par s'en aller après qu'il ait commencé à l'étrangler.

Elle accepte ensuite un contrat où elle doit dominer un type. En arrivant elle tombe sur le mec à poil qui est en train de se faire humilier par une autre maîtresse dom, Saki. Ils veulent que Ai humilie le maso ensembles, et je me dois de rappeler à quel point Ai est totalement perdue dans son métier, à plus forte raison dans le business de la domination. Saki doigte Ai, puis Saki oblige le gars qui fait le cochon à boire l'urine de Ai. Une fois ça fait, Saki sodomise le mec avec un gode-ceinture.

Une fois la séance terminée, Saki et Ai vont dans la piaule de la première où elle font LA DROGUE. Tout y passe : héroïne, pipe à crack, pétard et cocaïne. Je dois dire qu'à la fin je m'inquiétais de la santé de Saki tellement la quantité de drogue ingérée est excessive. En tous cas, elle explique à Ai que les hommes japonais sont frustrés par la richesse limitée de leur pays et que c'est pour ça qu'ils veulent se faire dominer par elle, puis elle chante un morceau de musique érotique. Finalement Ai ouvre son coeur à Saki sur ses problème conjugaux avec le musicien, et Saki lui conseille de prendre une décision radicale. Ai fini par partir, non sans que Saki lui donne une pilule pour être "invincible" pendant son entrevue avec son ami.

Un nouveau jour arrive et Ai se prépare à aller voir son amant. Elle prend un bento, une bouteille de vin et ingère la pilule qui la shoote complètement. Sur le chemin elle tombe par terre, et casse la bouteille de vin, tâchant sa robe (elle garde sa bouteille cassée à la main néanmoins). Elle déambule dans les ruelles de Tokyo (ou sa banlieue, on sait pas trop) avant de s'arrêter devant le porche d'une maison pour manger son bento. Puis, elle allume un feu d'artifice, ce qui fait sortir un petit vieux qui appelle les flics, mais Ai s'enfuit.

Elle se pose sur un banc où elle est reconnue par une femme qui se présente comme la femme de Subo et qu'elle est chanteuse. Elle se met debout sur le banc et se met à chanter avant qu'une infirmière vienne la chercher.

Ai arrive devant une maison (qui est probablement celle de Subo) et essaie de l'escalader avec une échelle avant de vautrer dans la terre. Les flics débarquent alors et s'apprêtent à l'embarquer mais la chanteuse leur demande de la laisser tranquille, ce qu'ils font.

La nuit tombe, et Ai hallucine des gens dans le parc.

On voit ensuite Ai prendre son sac un autre jour, et... générique, comme ça pouf. Mais c'est pas exactement fini, parce qu'après le générique on voit Ai danser dans un cabaret sur un chorégraphie en langage des signes; et cette fois c'est fini.

 

Alors, qu'est-ce qu'on en retient ? Bah étrangement pas grand chose. On voit dans un premier temps (la plus grande partie du film) une succession de scènes de cul plutôt sordides mais finalement pas vraiment choquantes. Il faut remettre ça dans le contexte certes : on au Japon au début des 90's, peut-être que c'était considéré comme un peu trash à l'époque, mais en tous cas trente ans plus tard cela parait bien désuet.

Les personnages palabrent vaguement sur le déclin du Japon mais aucun n'approfondit véritablement sa pensée, aussi on sait pas trop où le film veut en venir.

Il y a aussi une intrigue autour du topaze et de la quête du bonheur de Ai, mais passé la première demie-heure ça passe complètement à la trappe, du coup on sait pas trop où voulait en venir l'auteur.

Bref ce film paraît assez vain, mais j'irai pas jusqu'à dire que j'ai détesté. A part pendant la partie avec le yakuza je ne me suis pas spécialement embêtée, mais j'aurai du mal à affirmer que j'ai retiré quoique ce soit de l'oeuvre. Rétrospectivement je peux comprendre que le film n'ai pas plu à sa sortie.

C'était pas terrible.