Que reste-t-il d'Armageddon 25 ans après ?

(article repris à zéro à cause d'une coupure de courant, je vais sans doute faire bref)

 

Armageddon est un film prodigieusement con. Film américain et fier de l'être, il est sorti du cerveau malade de Michael Bay et sur nos écrans en l'an de grâce 1998.

Mais Armageddon, qu'est-ce que c'est ? Après tout, le film est sorti de ça un quart de siècle, vous n'en avez peut-être pas forcément entendu parler.

Le film prend place en Amérique (vive l'Amérique !) alors que New York vient d'être rasé par une pluie d'astéroïdes précurseuse d'une menace bien plus grande, un météore destructeur de civilisations. La NASA décide alors de former en catastrophe une équipe de foreurs de pétrole pour creuser un trou dans le bousin afin de faire exploser le tout avec un engin nucléaire. Tout le reste est à l'avenant, c'est vraiment la fête du slip niveau scénario.

Je ne vais pas résumer tout le film mais seulement lister les points pour lesquels le film est révélateur de son contexte de fabrication, c'est-à-dire son américanisme forcené.

En début de film comme nous le disions précédemment, New York subit une mystérieuse pluie d'astéroïdes (et un satellite orbital est intégralement détruit, au passage). Quel est alors la réaction du reste monde ? Absolument aucune. Il faudra attendre la destruction de Hong-Kong plusieurs jours après (et à la moitié du film) pour que le secret soit éventé et que le monde réagisse. Or nous avons vu en 2001 à quel point la simple destruction (si j'ose dire) de deux tours d'affaires a eu des répercussions instantanée et durable sur la planète entière, il faut donc faire preuve d'une grande naïveté pour croire l'oblitération d'une des plus grandes capitales économiques mondiales n'aurait aucune conséquence sur la planète.

Cette naïveté peut partiellement s'expliquer que le métrage est une pure oeuvre Hollywoodienne. Or, à Los Angeles, on aime pas trop New York. New York, c'est la ville des intellectuels et c'est à l'autre bout du pays, là où il fait froid. Et LA, ce qu'on préfère, c'est le Soleil et show bizz, on est plus porté sur la production en masses de no-brainer explosifs que sur la production de courants philosophiques ou la gestion économique mondiale et autres sujets rasoir de cet acabit.

Cet aspect anti-intellectuel est renforcé par un autre aspect essentiel du film. En effet, la NASA échoue à faire fonctionner une foreuse portative et fait donc appel à Bruce Willis et sa troupe, des ouvriers du forage pétrolier. Ainsi, l'élite intellectuelle mondiale est réduite à faire appel à l'homme du commun. Mais pas n'importe quels hommes : des hommes américains. Effectivement, ce n'est pas un détail anodin, car ils représentent la quintessence du Rêve Américain : eux qui ne sont rien (Manu RPZ) arrivent par leurs seuls efforts à se hisser au sommet et à accomplir l'impossible, à savoir sauver le monde à eux seuls.

Car un autre point qu'on ne peut constater, c'est bien parce qu'ils *sont* américains qu'ils y parviennent. Le reste du monde se complaît quant à lui à une totale passivité, attendant du plus grand pays du monde de résoudre tous ses problèmes. Seule exception est ce russe roublard tout juste désoviétisé rencontré presque par hasard et qui sera un élément clef de la réussite de la mission, ce qui permet à Michael Bay de jeter un oeil réconciliateur mâtiné de condescendance envers l'ennemi d'hier qui s'est remis dans le droit chemin : le Capitalisme (s'il avait su...).

En dehors de ça Armageddon est un pur divertissement décérébré qui se regarde avec un plaisir coupable mais tout à fait sincère, ce qui lui permet d'échapper de peu à la catégorie "Nanar de luxe". Il y aurait encore des dizaines de choses à en dire mais cet article a été écrit dans la douleur en presque un mois aussi m'en tiendrais-je à ça.

Pour mon prochain papier je choisirai sûrement quelque chose de plus simple et plus rapide à écrire.