La Rubrique-à-brac, l'humour fait de brics et de brocs

Je n'écrit pas beaucoup ces temps-ci parce que je manque d'inspiration et aussi parce que je me suis pétée le genou et que c'est pénible pour moi de rester devant l'ordi en ce moment, bref c'est pas facile pour moi tous les jours ces jours-ci.

Peu de séries de BD m'ont autant marquée enfant que la Rubrique-à-brac (RaB pour les intimes) de Gotlib, et cela est dû essentiellement à son humour décalé dévastateur. Pour bien comprendre la RaB, il faut comprendre à quel point il détonnait dans le milieu de la BD de son époque.

Les débuts.

 

Avant la RaB, il y a eu Les Dingodossiers qu'il dessine en duo avec le célèbre scénariste Goscinny. Il s'agissait d'une pastille humoristique du journal Pilote de généralement deux pages dans lesquelles les deux compères faisaient un bref exposé plein d'humour sur des sujets divers de la société française des années 1960, comme les vacances, les techniques de communication des cancres ou déjà à l'époque les super-héros. Nés principalement de l'esprit fécond du père d'Astérix, son humour savoureux n'en demeurait pas moins très sage et académique comme on pouvait le trouver dans ses oeuvres de l'époque, aussi bien donc Astérix que le plus méconnu aujourd'hui Oumpah-Pah.

Très vite submergé par le travail, René Goscinny finira par abandonner la série aux mains de son talentueux disciple, qui plutôt que de la continuer, préférera en inaugurer un successeur spirituel avec la RaB, qui reprend quelques codes mais qui rapidement fait exploser toutes les conventions et se débarrasse de son classicisme. Nous sommes alors en 1968, la société est en pleine ébullition sociale, politique et culturelle, et le jeune Marcel Gotlib est en phase avec son époque.

Une bien belle galerie de personnages.

 

Reprenant la structure de son prédécesseur, soit des exposés humoristiques sur environ deux pages, la série va rapidement être parasitée par des gimmicks de plus en plus fous, comme cette fameuse coccinelle qui commente sardoniquement l''action ou l'interruption du récit par Isaac Newton qui passait par là pour se prendre un objet en plein travers du goitre et ainsi découvrir la Loi de la Gravité Universel.

Les deux compères à l'oeuvre.

 

Formellement aussi, la série s'affranchit des cadres étriqués de se qui se faisait, devenant de plus en plus expérimentale au fur et à mesure qu'elle avance.

Mais la RaB, c'est avant tout un humour absurde qui tord les règles de la réalité pour lui faire dire franchement n'importe quoi. Il est difficile de retenir un gag en particulier tant la drôlerie générale de l'ensemble est savoureuse, mais plus la série assume la bêtise de certaines de ses propositions de départ et plus on touche au zénith de l'humour glaciale mais néanmoins sophistiqué.

C'est pourquoi je recommande chaudement la lecture de la RaB et dans une moindre mesure des Dingodossiers (pour donner du contexte et puis parce que c''est pas si mal en vrai, bien qu'un peu vieillot) tant l'écriture hilarante et résolument moderne a révolutionné la production bédéludique de son époque. Gotlib a poursuivi son oeuvre dans de nombreuses séries que je ne connais malheureusement pas et que je ne peux donc pas vous recommander, mais déjà lisez-moi ça c'est de la bonne ma brave dame.

Quant à moi je vous retrouve dans quelques jours, peut-être pour vous parler de quelques horreurs filmiques qui auront bien occupé mon temps ces derniers jours, c'est pas encore sûr, je verrai ça de toutes façons je reprends pas le boulot tant que je peux pas marcher.