Florilège de bêtises et autres idioties

Dans la vie j'aime bien les trucs débiles. Nanars, sketchs, programmes des parties de droite, y a de quoi faire. Mais il est important de savoir doser la débilité de son propos sinon ça devient trop ridicule et ça rend la chose pénible. Les nanars, justement, voient justement leur qualité jugée sur leur propension à conserver le bon équilibre (à l'opposé des programmes politiques qui au contraire semblent marcher *en corrélation* avec leur taux de ridicule (et de racisme aussi, si j'en crois les récents scores mais là n'est pas la question)). J'ai, pour la beauté du geste, fais une compulsion de moments où les barrières du ridicule ont été anéanties. Pour garder un minimum de concision, je me limiterai à un unique moment par médium, ne retenant que celui qui m'aura le plus marqué à chaque fois.

 

Littérature

J'étais tentée de choisir 451° Fahrenheit et sa compilation de trucs boomers, mais je vais plutôt retenir un passage du 2nd livre d'Au bord de l'eau, roman qui a aussi librement inspiré Suikoden que le Xiyou Ji a inspiré Dragon Ball (cad que c'est encore moins fidèle que les Disney envers les matériaux de base). Ce bouquin à la géométrie morale variable (à un moment y a cent mecs qui bouffent vivant un mec attaché à un arbre dont ils viennent de massacrer la famille. C'est les "gentils") possède quelques morceaux d'anthologies, dont un combat à mains nus contre un tigre (bon, en vrai c'est le seul), mais ne manque pas de passages débiles qui donnent envie de s'arracher les cheveux. Le plus mémorable reste le passage où les héros sont encerclés par une armée dix fois plus nombreuse. Le mec du tigre pète un câble et charge l'armée entière tout seul. A un contre mille, ça parait vite plié. Sauf que non. Parce que ce qu'il se passe c'est que un des héros tire une flèche sur un des cavaliers et l'abat en pleine tête. ET DU COUP, tous les cavaliers (plusieurs centaines) prennent peur et s'enfuient conjointement, en piétinant tout le reste de l'armée. Résultat des courses, les héros s'en sortent après avoir massacré les quelques survivants.

Probablement un des ressorts scénaristiques les plus invraisemblables que j'ai jamais vu dans un récit.

Manga
 
Prince of Tennis est un manga incroyablement plat. L'anime a fait le choix de cacher la misère en introduisant des scènes d'exagération absolument dantesque, mais rien de tout ça dans l'oeuvre originale. Juste des types fades et mono-dimensionnels qui font du tennis sans véritable mise en scène. Il se passe tellement rien qu'on a le droit à une séquence hallucinante de vacuité : on a en une double page ENTIERE consacrée à montrer une raquette qui tombe du filet (pour choisir de quel côté les joueurs vont se placer). C'est parfaitement inutile, absolument inintéressant visuellement, ça sert juste à meubler en cherchant à faire croire qu'il *se passe des choses* dans cette série. On n'a jamais vu un tel remplissage depuis cette séquence de l'Homme en Fer où Gregory Peck fume une cigarette en temps réel.
 
 
BD
 
Ric Hochet est un vieux héros de bande-dessinées; pas dans le sens où c'est un vieillard cacochyme mais dans la mesure où il a été créé dans les années 60 voire 50. De ce fait, il a eu le droit à PLEIN d'albums (presque 80). Et autant les premiers sont assez bien rythmés et prenants, autant plus ça avance et moins c'est inspiré. Au fur et à mesure de la série, les idées sont de plus en plus raclées des fonds de tiroirs, collant avec des sujets vaguement à la mode, avec vers la fin de la série un épisode tournant autour des flash-mobs [Note : c'était déjà ringard à la sortie de l'album]. On a aussi droit à une multiplication de personnages secondaires inutiles. Ainsi, dans un des derniers épisodes de la série, Ric Hochet découvre l'identité de sa mère (dont il n'avait jamais été question jusqu'à là vu qu'il est sensé être orphelin [Note : son père apparaît bien plus tôt dans la série]) et qu'en plus elle serait vivante. Il tombe alors sur une photo de celleci (qu'il n'a jamais vu) et s'exclame alors "Maman, toujours aussi belle !". La scène est d'un grotesque achevé, avec Ric Hochet qui pleure une unique larme d'un oeil compassé, le tout très mal dessiné (la série était à ce stade de publication complètement en pilote automatique à ce niveau). Probablement le pinacle d'une série qui ne manque pas de moments embarrassants.
 
 
Film
 
Je n'aime pas beaucoup Ridley Scott. Je trouve ses films lents et ennuyeux, bien que formellement très soignés. Néanmoins jusqu'à relativement récemment ses films tenaient la route, pour la plupart. Puis il y a eu le tournant des années 2000, et ça a commencé à devenir franchement n'importe quoi, probablement à partir du sinistre Robin des Bois avec Russel "Je ne sais jouer qu'un seul rôle et en plus je suis raciste" Crowe où le final nous faisait un remake officieux du Retour du Roi et du Soldat Ryan combinés dans un festival d'approximations historiques grossières. Mais le pompon a été atteint par ses derniers films Alien, à savoir Prometheus et Covenant. N'ayant pas vu le dernier, je ne peux retenir que la bêtise de Prometheus. On a ainsi droit à deux personnages de scientifiques lamentables, l'un à crête se prenant pour un loup et un xenobiologiste battant des records d'idiotie, et ayant droit à une des morts les plus débiles qu'il m'ait été de voir sur un écran. Ce dernier tombe lors d'une exploration sur un oeuf dont surgit une créature serpentine aux dents affûtées. Et qu'est-ce qu'il fait à votre avis ? Et bah comme tout expert en vies animales inconnues, il fait gouzi-gouzi avec la bestiole. Evidemment il se fait aussitôt broyer le bras et tuer dans la foulée. Consternant.
 
 
Nanar
 
Les nanars sont, par essence, des films débiles. En retenir un en particulier est un choix difficile. Un néanmoins m'a frappée par la stupidité globale de son intrigue, et ce chef d'oeuvre s'appelle Granny. Nanarland en avait fait un résumé ici mais sachez qu'il se trouve facilement en ligne. Je ne vais pas revenir dessus vu que la chronique le fait mieux que je ne pourrais, mais si je devais faire une synthèse je dirais que c'est une bande de jeunes neuneus qui organisent une soirée au cours de laquelle une grand-mère vindicative les zigouilles un par un. Sachez que tout est l'avenant : dialogues, personnages, rebondissements, costumes, effets spéciaux, tout est d'un grotesque achevé, avec des meurtres d'un manque de crédibilité alarmant. La fin surpasse néanmoins tout ça, et contrairement à la chronique je vais me faire un plaisir de vous la révéler. Michelle, la nouvelle venue du groupe est l'unique survivante du massacre, et après avoir tué la mamie psychopathe, succombe à un arrêt cardiaque. On passe alors à ses obsèques, où se trouvent toutes les victimes qui avaient simplement simulé leur mort afin de lui faire une farce. Ce retournement de situation à la prodigieuse malhonnêteté intellectuelle (les meurtres n'ayant pas lieu dans le champ de vision de Michelle, il n'y avait donc aucune raison de les montrer) n'est même pas le summum de la bêtise de la séquence, puisque la fin de celle-ci montre Michelle assistant à ses propres obsèques, de loin. Comment a-t-elle pu simuler sa propre mort, et surtout pourquoi ? Les auteurs de ce pantomime tragique ne se sont visiblement pas posé la question.
 
 
Jeu-vidéo
 
Les point 'n' click sont souvent des moments de grand n'importe quoi. Un Univers délirant à l'humour farfelue permettent souvent de faire passer la pilule d'énigmes aux solutions tirées par les cheveux. Cela est plus difficilement excusable quand il s'agit d'un jeu comme Secret Files Tugunska à l'ambiance sérieuse et à l'absence d'humour à la limite de chiantise. Les puzzles ne sont absolument pas logiques et en plus ne collent pas à l'ambiance. J'ai personnellement lâché l'affaire à l'énigme dite du "téléphone scotché sur le chat". Je ne résiste pas à vous faire lire la solution de ce passage : "Approchez de l'entrée. Le chat attend sa pitance. Déposez dans sa gamelle la part de pizza. Profitez-en pour assembler votre téléphone portable avec le ruban adhésif. Fixez l'ensemble sur le dos du chat. Le dictaphone du cellulaire est en marche. Le meilleur moyen d'être sûre que le chat retourne à la cuisine pour pouvoir enregistrer la conversation téléphonique d'Oleg, est qu'il aille boire dans son autre gamelle. Versez la salière dans la gamelle du chat. Il se précipite comme prévu à la cuisine. Entrez dans la cabine téléphonique publique pour faire vibrer votre portable supporté par le chat.".
 
 
Je pourrais continuer à trouver d'autres médias riches en passages idiots mais je n'en ai malheureusement pas d'autres en tête présentement, on se contentera donc de ça pour l'instant.